L’avenir de la lutte contre le blanchiment d’argent en Europe : ce que les institutions tenues à déclaration doivent savoir

Björn van Raak
8 décembre 2025 – Temps de lecture : 5 minutes

L’Europe est à la veille de la plus vaste réforme anti-blanchiment de son histoire. Avec la création de l’Autorité européenne de lutte contre le blanchiment de capitaux et le financement du terrorisme (AMLA), ce ne sont pas seulement les mécanismes de supervision qui évoluent : les attentes envers les institutions tenues à obligations changent elles aussi profondément. L’impact de ces transformations est clairement mis en évidence dans la publication The Future of Anti-Money Laundering in the European Union (novembre 2025), réalisée par l’unité Contrôle de la gouvernance économique et de l’UEM du Parlement européen. Ce briefing analyse la création de l’AMLA dans le cadre de la réforme AML/CFT de 2024 et ses implications pour les institutions assujetties dans l’ensemble de l’Union.

Sablier

Pourquoi l’ALMA est-elle essentielle ?

Le blanchiment d’argent et le financement du terrorisme constituent des risques bien réels. Selon l’ONUDC, jusqu’à 5 % du PIB mondial serait blanchi chaque année. Dans l’UE, 70 % des réseaux criminels dépendent du blanchiment pour dissimuler leurs profits illicites. Les scandales Danske Bank, Swedbank ou encore Pilatus Bank illustrent à quel point une supervision fragmentée peut fragiliser la confiance dans le système financier.

Et le problème reste entier. Entre mars 2024 et mars 2025, les autorités européennes ont infligé plus de 36 millions d’euros d’amendes dans une trentaine de procédures d’exécution de la réglementation, visant principalement les prestataires de services de paiement et les établissements de monnaie électronique. Ces dossiers révèlent des lacunes persistantes dans les enquêtes clients, la gouvernance et la surveillance des transactions.

Le rapport SOCTA 2025 d’Europol alerte également sur l’utilisation croissante des cryptomonnaies et de la finance décentralisée (DeFi) par les réseaux criminels, créant un écosystème financier parallèle qui menace la stabilité économique. De son côté, Nasdaq Verafin estime qu’en 2024, environ 750 milliards de dollars de fonds illicites auraient circulé en Europe, dont un quart via des flux transfrontaliers.

Face à ces constats, la création de l’AMLA apparaît comme une étape incontournable : dans un système financier désormais numérique, global et hautement vulnérable aux abus, une supervision morcelée n’est plus tenable.

Lisez aussi : Se préparer à l’AMLA : 4 étapes pour un cadre AML solide et conforme

Défis pour les autorités de contrôle et les institutions assujetties

La nouvelle architecture s’appuie sur un cadre uniforme d’obligations via le règlement relatif à la lutte contre le blanchiment d’argent (AMLR), une coordination renforcée à travers la sixième directive anti-blanchiment (AMLD6) et une supervision centralisée exercée par l’AMLA. Pour les institutions tenues à déclaration, cela implique :

  • Le renforcement des enquêtes clients : vérification des clients, transparence des bénéficiaires effectifs et contrôles supplémentaires pour les transactions à haut risque.
  • Le plafonnement des paiements en espèces : limite fixée à 10 000 euros pour réduire l’anonymat dans toute l’UE.
  • La surveillance de la finance numérique : inclusion explicite des prestataires de services de cryptomonnaies et des plateformes DeFi.
  • Un échange d’informations transfrontalier : collaboration renforcée entre les cellules de renseignement financier nationales, sous l’impulsion de l’AMLA.

Un impact sectoriel différencié

Les réformes touchent chaque type d’acteur de manière spécifique :

  • Banques et assureurs : déjà fortement régulés, mais désormais alignés sur des standards européens harmonisés qui réduisent les divergences nationales.
  • Prestataires de services de paiement et fintechs : sous surveillance renforcée après des sanctions récentes ; ils doivent concilier innovation et conformité pour éviter que les paiements instantanés ou l’open banking servent de vecteur à des flux illicites.
  • Prestataires de services sur crypto-actifs : nouvellement intégrés au périmètre AMLR, avec des obligations plus strictes en matière d’enquête client et de monitoring.
  • Entités non financières : courtiers, comptables, avocats, clubs de football… doivent se conformer à des exigences parfois nouvelles, mais essentielles pour combler les brèches du système.

Contexte mondial

Cette transformation ne s’opère pas en vase clos. Elle s’inscrit dans le cadre des normes internationales du Groupe d’action financière (GAFI), qui promeut depuis de nombreuses années plus de transparence dans les transactions financières. En intégrant l’AMLA à la gouvernance européenne, l’UE affirme son ambition de se positionner en leader mondial de l’intégrité financière.

Et maintenant ? Le chemin vers 2028

La mise en œuvre de l’AMLA se fera progressivement :

  • 2028 : l’AMLA devient pleinement opérationnelle, avec des pouvoirs de supervision directe sur les institutions à haut risque.
  • 2025 : début des activités à Francfort.
  • 2027 : transposition de l’AMLD6 par les États membres.

Liste de contrôle pour les institutions assujetties

Pour se préparer efficacement, les organisations doivent :

  1. Identifier les dispositions de l’AMLR et de l’AMLD6 qui s’appliquent à leur activité.
  2. Vérifier l’exhaustivité et l’actualité des données clients et des informations sur les UBO.
  3. Automatiser les processus de conformité pour garantir des contrôles et des reportings évolutifs.
  4. Renforcer la formation des équipes conformité, risque et opérations.
  5. Suivre attentivement les orientations de l’AMLA et des autorités nationales.

Le rôle des données fiables dans la conformité AML

Chez Altares Dun & Bradstreet, nous considérons la conformité comme un enjeu stratégique. Nous accompagnons les organisations grâce à des données, analyses et insights fiables, essentiels pour répondre aux nouvelles attentes réglementaires. Nos données sur les structures d’entreprise facilitent l’identification des bénéficiaires effectifs. Nos scores de risque et outils de monitoring s’alignent sur l’approche harmonisée de gestion des risques au sein de l’UE. Grâce au nuage de données de Dun & Bradstreet, les organisations bénéficient d’une visibilité accrue sur les relations et flux transfrontaliers. Nos flux de travail automatisés réduisent la charge opérationnelle et libèrent du temps pour la stratégie. Découvrez ici nos solutions de compliance.

Lisez aussi : Quelles données pour un processus de conformité performant ?

La conformité comme avantage

La réforme AML/CFT ne vise pas uniquement à éviter les sanctions. Elle permet aussi aux organisations de renforcer la confiance dans un marché où la transparence est de plus en plus appréciée. Celles qui anticipent les changements et adoptent des technologies et des données fiables ne se contentent pas de respecter les règles : elles renforcent leur réputation et leur résilience.

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