Bruxelles, 2 juillet 2025 - Plus de six entrepreneurs belges sur dix (61,9 %) n'ont pas payé leurs factures à temps au quatrième trimestre 2024. C'est ce qui ressort de la dernière « Payment Study » réalisée par l'expert en données commerciales Altares Dun & Bradstreet. La Belgique occupe ainsi la dernière place parmi les pays d'Europe du Nord en termes de retard de paiement. Dans d'autres pays d'Europe du Nord, comme le Danemark (94,2 %), la Pologne (87,5 %) et la Russie (81,3 %), les entreprises ont payé à temps.
Les entreprises belges ont toujours du mal à payer leurs factures à temps. Plus de six entreprises sur dix (61,9 %) ont payé leurs factures en retard au dernier trimestre 2024 ; 2,4 % dépassant même le délai de 90 jours. Au quatrième trimestre 2023, 59,6 % des entreprises étaient en retard, avec 2,3 % dépassant le délai de 90 jours, et au quatrième trimestre 2022, le chiffre était de 56 %, avec 1,6 % dépassant le délai de 90 jours. La Belgique remporte donc le titre de payeur le plus lent d'Europe du Nord pour la deuxième année consécutive.
Les meilleurs élèves de la classe se trouvent au Danemark, où seulement 5,8 % des entreprises ont réglé leurs dettes après la date limite de paiement lors du quatrième trimestre 2024 . La Pologne suit avec 12,5 % de retards de paiement, et la Russie complète le trio de tête avec 18,7 %.
Les grandes entreprises, en particulier, sont des payeurs tardifs
La taille des entreprises belges influence également le rhytme des paiements. Les micro-entreprises, de moins de 5 employés, sont les plus rapides à payer leurs factures. Pourtant, le nombre de paiements à temps diminue au sein de ce groupe : au 4ème trimestre 2023, 41,7 % ont payé leurs factures à temps, mais au 4ème trimestre 2024, ce pourcentage a chuté à 39,2 %.
Les grandes entreprises de plus de 260 employés sont les plus mauvais payeurs : seulement 14 % ont payé leurs factures à temps au quatrième trimestre 2024. Les entreprises de taille moyenne (entre 50 et 259 employés) suivent avec 28,5 % de paiements à temps, tandis que 34,5 % des petites entreprises ont payé leurs factures à temps. Dans tous les cas, la Belgique affiche le chiffre le plus bas d'Europe du Nord pour chaque taille d'entreprise.
«Les grandes entreprises belges ont toujours du mal à respecter les délais de paiement. Néanmoins, il est important de souligner qu'elles ne paient pas avec un retard extrême. Aucune grande entreprise ne dépasse les délais de paiement de plus de 90 jours, alors que c'est le cas de 2,5 % des micro-entreprises», commente Barry de Goeij, Senior Data Scientist chez Altares Dun & Bradstreet.
Le secteur des transports est le plus mal noté pour les retards de paiement
Si l'on examine les différents secteurs, le secteur agricole est en tête, avec 44,2 % des entreprises de l'agriculture, de la sylviculture, de la chasse et de la pêche qui paient à temps. Ce chiffre est en baisse par rapport au quatrième trimestre 2023, où 47,6 % des entreprises payaient encore à temps. Le secteur des services suit avec 42,3 % de paiements à temps, et le secteur financier complète le trio de tête avec 42,1 %. Le secteur des transports et de la distribution reste le plus mauvais payeur pour la deuxième année consécutive, avec seulement 30,2 % de paiements à temps, soit une légère baisse par rapport aux 31,7 % du quatrième trimestre 2023.
Mais les vrais retardataires, ceux qui paient avec plus de 90 jours de retard, se trouvent dans le secteur du commerce de détail : 4,4 % de ces entreprises ont payé avec plus de 90 jours de retard, soit le même pourcentage qu'au quatrième trimestre 2023. Bien que le secteur financier occupe la troisième place en tant que meilleur payeur, 2,3 % des retardataires de ce secteur n'ont payé qu'après plus de 90 jours.
Les entreprises textiles ont des difficultés de paiement
Enfin, l’étude révèle également quue le secteur belge du textile et de l'habillement, qui était déjà en difficulté, est de plus en plus souvent en retard de paiement. Les prix élevés de l'énergie, l'augmentation des coûts des matériaux et la dépendance à l'égard des fournisseurs étrangers réduisent considérablement les marges. En outre, les consommateurs achètent de plus en plus de vêtements sur des boutiques en ligne étrangères, ce qui réduit encore le chiffre d'affaires des magasins et des fabricants belges. En 2024, le chiffre d'affaires de l'industrie de l'habillement a de nouveau baissé, tandis que les coûts salariaux continuent d'augmenter en raison de l'indexation automatique. Tout cela conduit à une détérioration marquée du comportement de paiement dans le secteur : par exemple, la part des factures payées à temps a chuté de 8 points de pourcentage à 35,3 % dans la catégorie de l'habillement et des autres produits textiles, et de 6,7 points de pourcentage à 31,1 % dans l'industrie textile.
« La Belgique reste structurellement à la traîne lorsqu'il s'agit de payer à temps, ce qui pèse sur notre stabilité économique. Des secteurs tels que le commerce de détail et le textile en particulier connaissent des difficultés financières, ce qui entraîne des retards de paiement plus fréquents. L'incertitude persistante due aux tensions géopolitiques et aux fluctuations économiques, telles que l'impact des droits de douane internationaux, renforce cette situation. Les retards de paiement ne causent pas seulement un casse-tête aux entreprises elles-mêmes, mais se répercutent sur l'ensemble de la chaîne comme un effet domino », conclut Barry de Goeij.
Vous pouvez télécharger l’ensemble du rapport ici.
